Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CYCLICUS CHORUS

CYCLICUS CHORUS, I Le terme propre est s2e7,sç ï'd. Le mot aus5,o23 n'est dit correctement que des poèmes cycliques. Cf. 2Vzeouus'os ling. graec. o. y. Ou dit aussi is2e%,sç 5s54. Mets les inscriptions donnent toujours s2,5.,sç. ._.0 Suielos, s. e. 'A8las, .-. S Herudot, 1, 25; Schol. Piuct. Olpesp. 13, 05; Ariotot, ap. Proel. C/sreslosanlh. p. 415 (Leipzig, 1833) ; Sehol. Aeistoph. Avec, 1405. Le père d'Arion s'appelait KoeXc2; et l'on u voulu y voir une allusion ou e7 eX,s; goeg; organisé par sues fils, Pruel. 1. e. 5 Simoeid. Epégr. 58; Schol, Aeschiu. Adv. Tisuarch. 80, p. 721 Reiske; Tzeleès. Prolegous. ad Lycophr. p. t, éd. Pc.tter; 7 Ditienherger, Cee'p. jaser. nllieu,'ssvs, III t, n' 75. 5 Wescher et Foucart, Inscriptions de Delphes, n" 33 5; cf. Bergk, Grieehische Liles'uturgeachirhte, édit. Hinrichs, Il, p. 508, note 30. -5 Cf. cesses, p. 1105; Wieseler, Theatergeb. tend Deeleo,àler des Bùhuroeceeeua, pl. elle, n' 5. 80 Beulé, l'Acropole d'Athènes, t. Il, p. 314, 518 et planche. 51 Schol. Aristoph. Plot. 933; Potyb. IV, 10. 5'2 Demosth. Mid. 15, p. 519. 13 Athen, XIV, p. 617 B. t' Corp. jaser. gram, n" 1579, 1580. 81 Pind. Cue'os. fs'ngm. 45, 3 (édit. Crist, p. 213). tI Plutarch. Pe,'icl. 13 Pausou. I, 70, 3; Cuidas, s. e, Vitruve, V, 9, dit qu'il salariés, quand on introduisit dans le choeur des solistes qui devaient être des artistes de profession; on les appelait yppeuroei gtnOé' spo; 13; ils sont nommés à part, à côté du joueur de flûte, dans les inscriptions 14 Le choeur dithyrambique ou cyclique n'eut pas d'abord un local particulier; il évoluait sur la place publique . Périclès bâtit l'Odéon (Cliltlo), auquel il donna la forme de la tente de Xerxès, et en fit un bâtiment réservé aux concours de musique plus tard, du temps de l'orateur Lycurgue, un édifice plus grand fut construit et servit au même usage (itoevuesîvestxàè Oéxpuv) Les choeurs qui y chantaient étaient de deux genres les choeurs d'hommes (vlpixl 7opéç ou ésâpe;) et les choeurs d'enfants (xntè;x?g ou âu) Les premiers comprenaient des hommes de dix-huit à trente ans; les autres, des enfants ayant moins de dix-huit ans 19 Remarquons que l'on trouve aussi mentionnés, mais rarement et en dehors d'Athènes, des choeurs de femmes 20 Comme son nom l'indique, le choeur cyclique se mouvait en cercle (xttûssç); il formait une ronde en chantant et en dansant autour de l'autel du dieu Cette forme orchestrique s'opposait au 'rrrpytssov soe des choeurs scéniques [cnotsus]. Cependant, à Sparte, on signale l'existence de choeurs, analogues aux choeurs cycliques des Athéniens, qui se présentaient en carré devant les spectateurs La danse du choeur cyclique avait-elle un caractère particulier, ou se bornait-elle à une marche cadencée allant dans un sens, puis dans un autre, suivant l'ordre des strophes et des antistrophes? On pourrait le croire, d'après l'allure grave et lente des personnages qui décorent le relief de l'Acropole (fig. 2257) ; mais il est probable que la danse du choeur a eu aussi un caractère plus animé. Athénée, en énumérant les divers genres de danses, n'en mentionne point qui appartienne en propre au clioeut' cyclique 25. Mais dans les lexicographes nous rencontrons le nom de la tyrbasie (ruèues(u) comme celui d'une danse dithyrambique 2'. L'étymologie indique une danse et une mimique d'un caractère sans doute assez vif; on peut admettre qu'avec le temps la sicinnis [SALTAT1O], d'abord commune aux deux genres, fut réservée au drame satyrique, de même que le choeur composé exclusivement de satyres. Les modifications introduites à partir du y0 siècle dans la constitution littéraire et musicale du dithyrambe [DITHYRAMBUS] 011f, certainement amené des innovations dans les danses du choeur, et les plaisanteries dont Aristophane poursuit le poète dithyrambique Cinésias, qui jouait lui-même un rôle dans ses choeurs, en sont un indice : il se moque de ses fut construit par Thémistocle. -17 cf. Borgk, op. I. p. 552. 15 Schol. Aeschiu. Tint. 10; voy. surtout les inscriptions des monuments ehoragiques dans le Corp. jaser, qs'. n' 517, 215, 217, 218, 221, 222, 425, 224, 225, 220, 227, 1579, 1500, 1501, 2068, 3091 ; Millheilsesgcu des deulsc/s, [00111x10 tu Alhea, t III, p.107, 059, 231, 038, 250; Rangabé, Antiq. heUé,s. n" 571, 272, 974, 076, 583, 556; Epherses-és a'ch0olog., t" série, 1843, u' 1856, 1827, 3037; 'Al(xoess, 1873, P. 16911. V, p. 330; t. VI, p' 147, 278; Ross, .hrch. Anfssotze, t. Il, p. 470; idaihet, Epigramosota groecs, n" 927, 928 ; Wescher et F'oncert, Zoscriplioss de Delphes, u" 3 2 5. -. 19 Cf. Dumont, I'Epkébie attique, I, p. 216; l'Iut. Leges, Il, p. 664. 20 Pind. Fs'ugm. 87; Athen. XIII, p. 573E; Pollux, IV, Il; cf. Bergk, op. 2. p. 528, note 31. _St Simonid. Epigr. 148,9; Schot. Aristoph. NuS. 563; Schul. F.uripid. Recsb. 647; Caltimoch. In Dines. 170, 267; lu Del. 301, 312; Lucien. Auschors. 23; cf. Boissonuade, Aueed. genre. IV, 455; Victoriuas, 1, 15; Atitius, p. 255 K. 22 Athen. V, p' 181 C. 25 Athea. XIV, p' 629 et suiv. Il mentionne, XIV, p. 618 C, une danse appelée ruuess2565 qui parait être, d'après le nom, un coinposé de la danse satyrique, user',1;, et de la eo1fesia., danse dithyrambique. 24 Pollua, Ossmust. IV, 16; Hesyeh. s. e, so96uele. V. Schmidt, Diatribe jo ditO yraosbam et dulhyroestieoruvs reliqoius, 1845, Berlin, p. 240-242; il suppose qu'à l'exemple des hymnes pythiques, qui se divisaient en cinq parties correspondant aux divers moments de la latte d'Apollon et do dragon, la danse du choeur cyclique comprenait cinq figures ou e/cosn dont ta tyrbosie était lu dernière, CYC 1692 C ` ( contorsions et fie sa mimique exagérée''. On peul. clone croire que la danse du choeur cyclique, analogue à l'origine à celle du choeur satyrique, avait conservé, clans la suite, une certaine vivacité d'allure. Même les joueurs de flûte qui accompagnaient les choreutes suivaient le rhs thme du chant avec des mouvements du corps et une attitude expressive dont Aristote a blâmé l'emploi parfois excessif 28. Le choeur était placé sous la direction générale du chorège [cuonEGIA] qui faisait les frais de la liturgie. La dépense d'un choeur d'hommes, au Ive siècle et à Athènes, pouvait monter à deux mille drachmes et même à cinq mille, dans les frites importantes; un choeur d'enfants coûtait beaucoup moins cher, environ quinze cents drachmes ; dans les petites fêtes on se contentait pour le choeur cyclique d'une dépense d'environ trois cents drachmes 27. Le chorège, n'étant qu'un bailleur de fonds, avait à sa solde des gens chargés de diriger le choeur et de veiller à tous les détails de leur instruction pour le choeur cyclique ; l avait deux mandataires principaux dont il est nécessaire de dire quelques mots, le poète ou didascale et le joueur de flûte. Le poète, à l'origine, se chargeait de tout; c'est lui qui composait les paroles et la musique, qui apprenait aux choreutes à chanter et à danser; lui-méme se mêlait, au choeur le jour de la représentation et servait de coryphée : il était à la fois auteur, régisseur et parfois même acteur ' DULSSIï_ALl s]. Ilérodote le dit en propres termes d'Arion 23 (ro1r, ,av-a xxi ètè ss ra), et nous avons vu qu'à la fin du v siècle encore le poète Cinésias dansait lui-méme sur la scène 20. Mais dans le genre cyclique la musique prit de bonne heure une telle importance que le poète ne suffit plus à la besogne : alors le joueur de flûte, qui se contentait jusque-là d'accompagner les choreutes etquin'etait qu'un personnage subalterne, à la solde du didascale 30 passe au premier rang et devient le collaborateur du poète dans l'instruction du choeur. Dans les inscriptions anté rieures à la moitié du Ive siècle avant J.-C., le poète didascale parait être seul nommé 31. Jusqu'au milieu du Ive siècle, les inscriptions choragiques que nous possédons, relatives aux victoires de choeurs cycliques, nomment le joueur de flûte à côté du didascale ou poète 32. Enfin, à partir de cette époque, le joueur de flûte précède méme le didascale dans l'énumération des personnages importants 33. 11 y a là un renversement de hiérarchie qui résulte évidemment des modifications profondes introduites dans l'organisation du choeur cyclique et, en général, dans la constitution du dithyrambe [DITnYBAMBUS]. Le poète, privé de tout ce qui concerne la partie musicale, conservait, avec le titre de Bila tale, l'organisation des détails matériels de la représentation : c'est ce qui résulte clairement de la chorégie de Démosthène qui, ayant chassé son didascale que Midias avait corrompu, fut tiré d'embarras par son musicien, le joueur de flûte Téléphanès, qui voulut bien prendre la place de Iautre et veiller à l'instruction du choeur 3c Le choeur cyclique, à l'origine, était composé de personnages qui portaient des costumes de Satyres ou de Silènes, suivants ordinaires du dieu dont on célébrait la fête. Le costume, la musique, la danse de ces premiers exécutants du dithyrambe rie devaient guère différer de ce que fut le choeur satyrique [cnonus] qui, dans le genre dramatique, conserva si fidèlement le caractère des premières origines. Mais, à mesure que les genres se distinguèrent entre eux et que les poètes dithyrambiques s'astreignirent de moins en moins à prendre pour sujets de leurs compositions des faits empruntés à la légende dionysiaque, il dut paraître peu naturel de conserver les anciens costumes, dont rien ne, justifiait plus le maintien. Les titres des dithyrambes célèbres, tels que les Centaures de Lasus, les Danaides de Mélanippide, les.llgsiens de Philoxène, la Niobé de Timothée, l'Esculape de Cynésias, etc. n, expriment le caractère nouveau que le genre avait pris. Il faut aussi tenir compte du faste de plus en plus grand que les chorèges étalèrent dans les représentations, du jour où le dithyrambe fut accepte au nombre des liturgies athéniennes : les joueurs de flûte, en particulier, comme étant les principaux personnages et les chefs du choeur, se distinguaient par la richesse de leur habillement n. On peut s'en faire une idée par les peintures de la Cyrénaique (fig. 2256) où les joueurs de cithare et de double flûte apparaissent revétus d'étoffes bariolées, analogues à celles des acteurs tragi ques. Les choreutes portent le costume ordinaire et le man teau ; ils n'ont pas d'autre ornement qu'une couronne de feuillage su fila tète. C'est aussi de cette l'acon que Démos tb ène avait orné on choeur; les couronnes qu'il avait fait fabriquer étaient en or 37. Dans le bas-relief de l'Acropole (fig. 2257) les sept personnages qui, d'après la restitution proposée pour l'inscription 33, représenteraient le choeur cyclique, portent le costume ordinaire des citoyens athéniens, sans ornement d'aucun genre et même sans couronne; il est vrai que cet accessoire a pu être peint sur le marbre et s'effacer dans la suite. En tout cas, les masques primitifs et les costumes des Satyres ont tout à fait disparu : cet usage s'est établi sans doute dès le commencement du ve siècle. cyc 1693 cyc A l'origine, la double flûte [TIBIA] accompagnait seule toutes les évolutions et les chants du choeur cyclique les choreutes chantaient tous ensemble à l'unisson sur le mode phrygien; le musicien se tenait debout au centre du cercle 40 Au commencement du ve siècle, l'instrumentation musicale se modifia profondément le dithyrambe renonèa à l'emploi exclusif du mode phrygien qui lui était propre pour recourir à. d'an tres tonalités ' ; à l'iàiyoyapEu des anciens maîtres succéda la aàuyopèCa. La musique, au lieu d'accompagner discrètement les chanteurs, prit la première place et subordonna les paroles à ses développements harinoniques Il en résulte que l'ancienne organisation du choeur cyclique fut troublée. Dès le commencement dol V' siècle, Lasus d'l-lermione mêle aux choreutes des solistes chargés d'exécuter les gû , morceaux déclamés comme les monodies de la tragédie ' : ces solistes sont nommés à côté des joueurs de flûte dans deux inscriptions de Béotie ". Le joueur de flûte lui-même, qui prend le titre de omzàooç alXç 00, ne se contente plus d'être un simple accompagnateur il dirige les chants et joue sans doute de véritables morceaux de musique il est probable môme que l'usage s'était introduit d'avoir plusieurs joueurs île flûte pour le même choeur "v; on aurait appelé alors alàscaC évôç, non pas un ensemble de flûtistes jouant ensemble, mais l'ensemble du choeur chantant et accompagné par des flûtistes48. Ce qui est hors (le doute, c'est qu'à une certaine époque les chanteurs ont l'air d'accompagner les musiciens, plutôt que d'être soutenus par eux °, et c'est peut-être pour cette raison que leur nombre diminue jusqu'à tomber au nombre de sept comme nous le voyons sur les monuments déjà décrits. Enfin, àla flûte devenue si prépondérante dans le choeur s'ajoute le chant de la lyre, qui jusqu'alors avait été l'instrument spécial du NOtoS. La confusion des genres lyriques, qui est un trait caractéristique de la nouvelle école du y' siècle 00, amena l'union de ces deux instruments dans le choeur cyclique ; on attribuait cette innovation à Timothée Nous voyons les deux musiciens, flûtiste et cithariste, figurer sur une des peintures de la Cyrénaïque (fig. 26). Il est probable que l'accompagnement des lyres dominait quand le choeur ne faisait qu'é voluer et danser, . et qu'au moment où l'on chantait, la double flûte reprenait le dessus, d'après la remarque d'Aristote sur la supériorité de la flûte pour accompagner la voix . L'accord des deux instruments s'appelait àsuÀo; as on lui donnait aussi le nom de uvmàlŒ, bien que ce terme désignât plus particulièrement deux ou plusieurs flûtes jouant ensemble Le dithyrambe étant spécialement consacré à Bacchus, il n'y eut sans doute de choeurs cycliques, à l'origine, qu'aux Dionysiaques et principalement aux grandes Dionysiaques urbaines, plus tard aux Lénéennes. Mais peu à peu, à mesure qu'on admit dans le dithyrambe des légendes étrangères au mythe dionysiaque, on introduisit ce spectacle dans d'autres fêtes, aux grandes et aux petites Panathénées, aux Thargélies; on voit aussi des choeurs cycliques mentionnés dans les fètes d'lléphaistos, de Prométhée, d'Esculape, de Poseidon . En dehors d'Athènes, on les trouve au Pirée à Delphes", à Thèbes , en Arcadie , en Messénie 00 et, en dehors de la Grèce propre, à Téos à Samos àllalïcarnasse etc. 11 parait certain que chaque ville grecque avait institué dans ses fêtes religieuses des choeurs cycliques. Le prix remporté était ordinairement un trépied 64 dans quelques villes c'était un taureau Or F. CASTETS. E. POTTIER.